Les différentes équipes scientifiques convergent
Actualité publiée le 7 décembre dans santelog.com
Journal of Biological Chemistry
C’est une piste déjà poursuivie par la recherche, dans d’autres cancers, comme les cancers du poumon et de la prostate : cibler le métabolisme du cancer ou affamer les cellules cancéreuses pour arrêter la progression de la maladie. Ici, les chercheurs de la Thomas Jefferson University (Philadelphie) ciblent une protéine, TIGAR, qui favorise la croissance du cancer du sein en modifiant le métabolisme cellulaire. Cette découverte, précieuse pour une meilleure prise en charge encore de ce premier cancer chez la Femme, a l’avantage de pouvoir être mise en œuvre, en combinaison avec les médicaments existants.
Comment une cellule cancéreuse brûle-t-elle des calories pour obtenir l’énergie nécessaire à sa croissance et à sa division ? Cette recherche montre que les cellules de cancer du sein s’appuient sur un processus bien spécifique, par rapport aux cellules saines, pour transformer leur carburant en énergie. La piste du métabolisme du cancer est primordiale, explique le Dr Ubaldo Martinez-Outschoorn, professeur d’oncologie médicale : « Mieux nous comprenons comment les cancers prospèrent, mieux nous serons en mesure de couper l’approvisionnement en énergie dont ils ont besoin pour leur survie ».
L’équipe s’est concentrée sur une protéine déjà documentée pour son implication dans le métabolisme des cellules de cancer du sein. Il s’agit de la protéine TIGAR qui réduit la capacité de la cellule à créer de l’énergie via la voie biochimique la plus commune, la conversion du sucre en énergie via la glycolyse. In vitro et in vivo chez la souris, les chercheurs démontrent que les cellules de cancer du sein avec des niveaux élevés de protéine TIGAR sont plus agressives, ce qui suggère que les cellules cancéreuses utilisent un autre stratagème que la glycolyse pour stimuler leur croissance.
Bloquer le métabolisme mitochondrial des cellules cancéreuses : lorsque les cellules expriment TIGAR, elles changent en effet de voie métabolique et deviennent plus dépendantes des mitochondries pour la production d’énergie. De plus, les niveaux élevés de TIGAR produits par les cellules cancéreuses modifient le métabolisme des cellules qui les entourent mais avec l’effet métabolique opposé. Au lieu d’accroître leur dépendance à l’égard de la production d’énergie mitochondriale, TIGAR rend ces cellules de soutien dépendantes, elles, de la glycolyse et de la croissance tumorale accrue. Des données cohérentes avec de précédentes études ayant montré que les cellules glycolytiques de soutien dans les tumeurs rendent le cancer du sein plus agressif. Bref, alors que 70 à 80% des cancers du sein montrent des niveaux élevés de TIGAR, bloquer le métabolisme mitochondrial permettrait d’affamer les cellules cancéreuses.
Des médicaments déjà disponibles pour cette cible thérapeutique : 2 médicaments approuvés pour d’autres indications, la metformine (ADO) et la doxycycline (antibiotique) sont déjà connus pour bloquer également le métabolisme mitochondrial. Et lorsque les chercheurs testent ces médicaments pour bloquer le métabolisme mitochondrial sur une culture de cellules de cancer du sein, ils observent une réduction de l’agressivité du cancer. Si ces médicaments sont confirmés dans ces effets de blocage tumoral, ils pourraient venir se combiner aux thérapies standards, avec l’objectif de meilleurs résultats de traitement. Un essai clinique qui permettra de tester l’effet de la metformine et Doxycycline sur les cancers du sein chez des femmes avant chirurgie est déjà en cours.
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Source : Journal of Biological Chemistry 2016 DOI: 10.1074/jbc.M116.740209 TIGAR Metabolically Reprograms Carcinoma and Stromal Cells in Breast Cancer