Publié dans Prévention Santé le 25 novembre 2016 par Deborah Donnier

de-lorgeril_balance17 novembre 2016, Lyon, Quai Jaÿr.

La Section Disciplinaire du Conseil Régional de l’Ordre des Médecins de Rhône-Alpes s’est réunie en session publique afin de juger en Première Instance le Docteur Michel de Lorgeril, chercheur CNRS à la Faculté de Médecine de Grenoble (UMR 5525), expert reconnu en cardiologie et nutrition, auteur de 300 articles scientifiques et 7 ouvrages de vulgarisation scientifique en français, particulièrement renommé pour ses positions iconoclastes et dérangeantes quant à la non-responsabilité du Cholestérol dans la genèse des maladies cardio-vasculaires et son combat sans fin contre les statines (1).

Les griefs retenus et énoncés contre lui par le rapporteur, le Dr Henri Olivier Ollagnon, ont suscité l’interrogation générale.

Les communications scientifiques répétées du Docteur de Lorgeril violeraient régulièrement l’Article 13 du Code de Déontologie Médicale (2)

La plainte principale émanait de cinq cardiologues grenoblois, les Pr. Jacques Machecourt, Gérald Vanzetto, Gilles Barone-Rochette, Pascal Defaye et Olivier Ormezzano.

Le Pr Jacques Machecourt explique rapidement n’avoir jamais eu l’intention initiale de se présenter à l’audience, pas plus que les autres co-accusateurs qui ne sont d’ailleurs pas venus, si un documentaire scandaleux diffusé sur Arte le 18 octobre (3) n’étaient venu conforter les thèses de l’accusé…

On apprend aussi à l’écoute de l’exposé du rapporteur que les plaignants se sentent collectivement lassés de recevoir d’incessantes demandes de rendez-vous à leurs secrétariats pour obtenir un rendez-vous de consultation auprès du Dr de Lorgeril alors que celui-ci n’y exerce pas, puis l’on comprend aisément qu’ils vivent difficilement aussi que tant d’étudiants en Médecine et de patients se mettent à douter des vérités qu’ils présentent comme intangibles depuis tant d’années. Voilà qui pourrait expliquer la colère subite de ces professeurs ?

Le Dr de Lorgeril aurait tenté de vendre des herbes népalaises ou péruviennes par l’entremise d’une distribution de tracts, à Gap fin 2015 !

Moment cocasse de l’audience, on apprend incidemment qu’aucun de ces Professeurs n’a jamais lu une ligne des travaux du séditieux suspect… Le seul présent à l’audience, conscient de l’effet catastrophique généré par une telle révélation n’aura de cesse de brandir un ouvrage… paru il y a 10 ans, « Cholestérol, mensonge et propagande » afin de disperser cette désastreuse image d’aveuglement concerté.

Le déroulé des plaintes incriminant le Dr de Lorgeril consiste à redire que ce chercheur plaide seul la non-culpabilité du Cholestérol, et que les plus grandes instances internationales ont conclu depuis longtemps que les statines sont des molécules pourvues d’un rapport bénéfice sur risque considérablement en leurs faveurs.

La défense, assurée personnellement par le Dr Michel de Lorgeril et assistée par deux de ses Confrères, les Dr. Jean-Marc Rehby et Vincent Reliquet, n’a eu de cesse de prouver l’ampleur du mouvement de contestation de cette théorie du cholestérol à travers le monde chez les chercheurs indépendants, particulièrement en Angleterre en cette année 2016, et la constante intrusion des firmes du médicament pour falsifier les études épidémiologiques et soudoyer les avis des décideurs ainsi que certains médecins en vue, clairement rémunérés pour ce faire.

Le Docteur de Lorgeril « violeur » d’article 14, 15, 20, 21, 39, 79…

Puis vint l’examen d’une seconde plainte rarement examinée dans une telle Instance Disciplinaire…

de-lorgeril Vient le tour du Conseil de l’Ordre de Charente-Maritime de reprocher au Dr de Lorgeril des écrits négationnistes et révisionnistes, au motif que ce dernier remettait publiquement en cause depuis trente ans la théorie du Cholestérol. La défense s’est immédiatement émue d’un amalgame inadmissible entre la grande Histoire et la controverse en cours.

Du bout des lèvres lui fut reproché aussi d’avoir tenu une conférence à Saintes en 2014 aux 17e Université de l’Environnement et de la Santé, manifestation un temps suspectée de dérives potentiellement sectaires et donc… que le Dr de Lorgeril appartiendrait aussi à une secte ! Par bonheur aucun Médecin présent ne souhaitera s’étendre sur un sujet aussi faible.

Mais le plus étonnant reste à venir, sous l’accusation du Dr Jean Pierre Magallon, Président du Conseil de l’Ordre des Hautes-Alpes :  Le Dr de Lorgeril aurait tenté de vendre des herbes népalaises ou péruviennes par l’entremise d’une distribution de tracts, à Gap fin 2015 ! Problèmes, aucun prospectus ne peut être produit à l’audience, les photocopies seules existantes sont de qualités déplorables, aucune autre commune ne semble avoir été démarchée, et les fac-similés des rectos versos ne donnent aucune adresse pour la commande !

Le Dr de Lorgeril n’a aucun mal à expliquer la tentative d’escroquerie et l’usurpation d’identité réalisée à son encontre, il présente un dépôt de plainte effectué en Gendarmerie l’authentifiant en tant que co-victime de ces procédés.

Comment une affaire aussi grotesque peut-elle poursuivre un Médecin grenoblois de Gap jusqu’à Lyon, relayée par les Conseils Ordinaux des Hautes-Alpes puis de l’Isère sans qu’aucun classement sans suite n’intervienne pour empêcher ces deux organismes de sombrer dans le plus total ridicule ?

On comprend aisément au final à l’écoute de la défense de clôture du Dr Michel de Lorgeril qu’après la théorie biologique insuffisamment démontrée, l’usurpation de qualification médicale, les pratiques sectaires, quand vient la tentative de vente d’herbes anti-cholestérol à des fins mercantiles alors que depuis trente ans il plaide pour l’innocence de celui-ci, la coupe soit franchement pleine…

La sentence mise en délibéré

Soulignons la parfaite tenue des débats, menée par un Président, Monsieur Emmanuel du Besset, impeccable dans son rôle.

On rappelle avec incompréhension que les positions du Dr Michel de Lorgeril ne sont en rien nouvelles, qu’elles sont partagées largement aux quatre coins du monde, et que la licité du débat sur cette théorie du Cholestérol a déjà été tranché au printemps 2015 au Conseil National de l’Ordre à Paris, alors pourquoi y revenir à Lyon dix-huit mois plus tard ?

Les accusations suivantes (pratiques sectaires, charlatanisme) éclairent d’un jour précis l’incroyable acharnement dont le Dr Michel de Lorgeril semble faire les frais aujourd’hui, de la part d’une partie de la profession médicale qui semble vouloir faire feu de tout bois pour tenter de dissuader tout médecin de chercher à mettre en doute les pensées dominantes actuelles.

Heureusement que le Dr Irène Frachon, Pneumologue au CHU de Brest, a su elle aussi parfaitement résister de son côté à toutes les tentatives d’intimidation, sans son abnégation qui sait aujourd’hui combien de patients consommeraient encore du Médiator ?

Qui d’entre nous ne se pose pas finalement la question fondamentale de la liberté de la recherche en médecine et de ses implications incalculables dans notre vie de tous les jours ?

Annexe

(1) « L’horrible vérité sur les médicaments anti-cholestérol », de Lorgeril M., Thierry Souccar Ed.

(2) ARTICLE 13 (article r.4127-13 Du CSP) Lorsque le médecin participe à une action d’information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel qu’en soit le moyen de diffusion, il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public. il doit se garder à cette occasion de toute attitude publicitaire, soit personnelle, soit en faveur des organismes où il exerce ou auxquels il prête son concours, soit en faveur d’une cause qui ne soit pas d’intérêt général.

(3) « Cholestérol : le grand Bluff » Anne Georget – Documentaire Arte http://www.arte.tv/guide/fr/051063-000-A/cholesterol-le-grand-bluff