Par Camille Gaubert le 30.05.2018 à 09h08 sur Sciences et Avenir
40% des cancers sont évitables par un changement de nos comportements. Premiers sur la liste : le tabac et l’alcool, respectivement responsables du tiers et de 10% des décès par cancer. L’Institut national du cancer lance notamment deux mini-quiz interactifs pour tester ses connaissances.
Quand il s’agit du cancer, est-il plus dangereux de fumer beaucoup mais peu de temps, ou peu sur la durée ? La bière est-elle moins dangereuse que le whisky ? Vous pourrez tester vos réponses sur le site de l’Institut national du cancer (Inca) dans deux mini-quiz très interactifs. Mis en place dans le cadre de la campagne de l’Inca et du ministère de la Santé « Savoir, c’est pouvoir agir« , qui vise à sensibiliser aux habitudes à risque, il vise les 40% de cancers qui pourraient être évités par des changements de comportements… Notamment vis-à-vis du tabac et de l’alcool.
Principaux facteurs de risque de développer un cancer, la consommation de tabac et d’alcool est en effet responsable de près 60.000 décès par cancers chaque année en France. Pourtant, il s’agit de facteurs de risque modifiables, c’est-à-dire que l’on peut contrôler – contrairement à l’âge, au sexe ou aux antécédents génétiques, par exemple. En adoptant de nouvelles habitudes de vies, 40% de l’ensemble des cancers détectés par an pourraient donc être évités.
Tabac : premier facteur de risque, il est à l’origine d’un tiers des décès par cancer
Les cancers liés au tabac sont dus à de nombreuses substances cancérigènes comme le benzène, l’arsenic, le chrome, mais aussi à la fumée contenant du monoxyde de carbone et des particules fines (principaux responsables des maladies cardiovasculaires) et solides (liées aux insuffisances respiratoires). Sur les 150.000 décès par cancers recensés chaque année, 45.000 sont directement attribuables à la consommation du tabac, qui peut être à l’origine de 17 localisations de cancers. A l’origine de 80% des cancers du poumon, le tabac est notamment responsable de 70 % des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx, pharynx, œsophage), de 50 % des cancers de la vessie et de 30 % des cancers du pancréas. La meilleure stratégie pour réduire son risque individuel de cancers est de ne pas commencer à fumer, ou de s’arrêter, conseille l’Inca.
E-CIGARETTE. Les produits toxiques contenus dans la cigarette n’existent pas à des taux significatifs dans la « vapeur » des e-cigarettes, explique l’Inca, qui s’attend donc à une réduction de ces risques chez les fumeurs de tabac qui passent à l’e-cigarette. Cependant, les données sur les effets d’une utilisation prolongée de ce dispositif sur la santé sont encore insuffisantes pour l’affirmer. Elle est donc déconseillée aux non-fumeurs. D’après le Haut Conseil de santé public (HCSP), l’e-cigarette peut toutefois constituer une aide pour arrêter ou réduire sa consommation de tabac, bien qu’elle ne soit pas officiellement considérée comme un produit d’aide au sevrage tabagique.
Testez vos connaissances sur le tabac et le cancer
Alcool : responsable de 10% des décès par cancer
L’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées est transformé dans l’organisme en composés favorisant le développement de cancers, explique l’Inca. Souvent nié ou méconnu, le caractère cancérigène de l’alcool est pourtant clairement établi. Il est responsable de 10 % des décès par cancer, soit environ 15.000 décès chaque année, ce qui en fait le deuxième facteur de risque évitable de cancers. Il est responsable de 58 % des cancers de l’œsophage, 16 % des cancers du côlon et du rectum et 15 % des cancers du sein parmi les 7 localisations de cancers qui lui sont attribuables. Ce risque de cancer augmente dès la consommation moyenne d’un verre par jour – quelle que soit la nature de l’alcool, vin, bière ou alcool fort – et de façon proportionnelle à la quantité consommée. Ainsi, toute consommation régulière d’alcool, même faible, est à risque, rappelle l’Inca. Pour diminuer efficacement son risque de cancers, pas de secret : il faut réduire autant que possible la quantité et la fréquence de sa consommation. Ainsi, le risque de développer un cancer des voies aérodigestives supérieures diminue après 10 ans d’arrêt de la consommation d’alcool. Après 20 ans, il est similaire à celui des personnes qui n’ont jamais bu.
Testez vos connaissances sur l’alcool et le cancer
FRANCE. Nous les Français sommes de gros buveurs par rapport aux autres pays. La consommation d’alcool dans l’Hexagone était ainsi estimée à 11,6 litres d’alcool pur par habitant en 2013, soit environ 2,5 verres de 10g d’alcool par jour et par habitant, d’après l’Inca. En baisse par rapport au début des années 1960 – où nous atteignions les 26 litres d’alcool pur par habitant et par an – cette consommation demeure néanmoins l’une des plus élevées en Europe et dans le monde.
TABAC + ALCOOL. Les effets de l’alcool sont renforcés quand ils sont associés à ceux du tabac : leurs actions conjointes augmentent considérablement les risques de cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx, pharynx, œsophage). Le risque de développer un cancer de la cavité buccale peut être multiplié par 45 chez les grands consommateurs de tabac et d’alcool.